« Une évidence : seules les personnes touchées par la fibromyalgie savent ce qu’est et comment fonctionne cette maladie. Elles seules connaissent ce que signifie vivre dans un corps qui se transforme en une ‘cage de douleur’.

Elles seules connaissent la souffrance qui se présentant parfois de façon encore plus intense, les oblige à vivre leur propre maladie dans un isolement et une frustration presque complets, entourées par la méconnaissance des autres et par la minimisation systématique même de la part des proches, jusqu’à la limite de ‘faire semblant que tout va bien’ pour ne pas déranger ou pour ne pas être ridiculisés…

 

 

 

Dans le cas spécifique de la Conscience corporelle dynamique (CCD) le travail accompli avec des personnes souffrant de FB se structure en particulier sur une écoute profonde de soi surtout au niveau corporel et émotionnel. Concernant le corps physique cette écoute se fonde en grande partie sur une reprise de contact conscient et guidé avec les différentes parties du corps ainsi que d’une réactivation graduelle des capacités de mouvement au niveau articulaire avec une attention particulière aux membres supérieurs et inferieurs, au bassin et hanches ainsi qu’à la colonne vertébrale. Ce même travail est souvent intégré par des exercices de respiration et de relaxation visant à favoriser la relaxation musculaire et du diaphragme, à améliorer la gestion des états émotionnels, des situations de stress ainsi qu’à atténuer la douleur physique et la fatigue chronique typiques de la fibromyalgie.

Dans ce contexte les exercices comprennent aussi une guidance verbale de la part de l’enseignant intégrée avec le mouvement et la visualisation d’images-archétype ou étant reliées au vécu biographique et aux mémoires de la personne. Le but de cette approche combinant la parole, les images mentales, les souvenirs et le mouvement est celui de permettre à la personne d’aller consciemment à la rencontre de son état de souffrance.

A ce niveau, le travail permet de « toucher » directement le « blocage » de nature émotionnelle qui se trouve souvent à la base du déclenchement de la FM en permettant concrètement à la personne « d’observer » avec recul sa condition, de « comprendre » sa maladie et de se « réconcilier » avec elle, de libérer ses tensions ataviques, de récupérer son potentiel innée d’auto-guérison en s’appropriant en même temps plusieurs outils lui permettant de gérer de façon positive la douleur, le stress ainsi qu’obtenir une amélioration significative de la qualité du sommeil.

Comme il est clair, dans la Conscience corporelle dynamique et à la différence d’autres approches corporelles où le malade a souvent un rôle passif, l’accompagnement offert par l’enseignant demande un engagement actif et global de la part de la personne, le « poussant » parfois à chercher à aller contre l’état d’inertie et l’augmentation des symptômes typiques de la FM qui peuvent se produire comme conséquence d’un travail physique. Il s’agit ici d’une attitude essentielle pour déterminer un réel processus de guérison qui se fonde sur la capacité de la personne à se prendre consciemment en charge par rapport à sa condition pathologique ainsi que de se sentir activement partie intégrante de la démarche thérapeutique mise en place.

 

 

C’est par ce chemin fondé sur l’écoute, la reprise de contact douce avec soi-même dans tout sa globalité, son vécu et sa complexité, que le corps peut acquérir à nouveau son « droit à la parole » : le cri commence à prendre la forme de mots compréhensibles capables d’expliquer et ensuite d’offrir des solutions.

C’est là que le corps au lieu d’être l’ennemi, retourne à son rôle de compagnon, d’allié fidèle et de guide certain. C’est ici que le corps de cage de douleur et de souffrance se transforme en un merveilleux outil de libération permettant à la personne de retrouver graduellement son élan, sa joie ainsi que le plaisir de vivre en tant que terrestre ».

 

Nicoletti Martino, « Libérer le corps de la douleur  », Inexploré, n. 41, janvier-mars 2019

 

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