Project Description

NICOLETTI M., « LES MENSONGES DU MENTAL ET LA VÉRITÉ DU CORPS », INEXPLORÉ, OCTOBRE-DECEMBRE 201

 Notre corps : univers profond, terre mystérieuse et territoire de paradoxes. Objet de soins continus et d’attentions presque maniaques dans notre civilisation contemporaine, pourtant réalité silencieuse avec laquelle nous sommes de plus en plus incapables de dialoguer et de l’écouter dans ses exigences profondes.

Combien de fois mes clients, en arrivant à leur première séance de conscience corporelle, avec le regard bas, se sont présentés avec cet invariable mantra : « Je me sens coupé de mon corps ; je ne ressens plus rien… ». Une phrase presque toujours accompagnée par un geste automatique et éloquent de la main : se couper en deux, en deux juste à la hauteur de leur cou en utilisant la main comme si elle était une sorte de couteau invisible. En deux : la tête d’un côté et le reste, le corps, de l’autre. Une simple geste capable de dévoiler entièrement ce que nous sommes devenus : des êtres qui ont perdu leur unité, car à un certain moment, la tête, l’esprit, ont décidé de se séparer du reste de la matière vivante et d’en devenir le seigneur absolu. Nous : des auto-guillotinés avec nos propres mains. D’ici l’inévitable hypertrophie du mental, d’ici aussi la coupure du soi avec le corps, infini réceptacle de vie et d’émotions lesquelles n’étant plus ancrées en nous, risquent, à tout moment, de se transformer en des vagues incontrôlables et des icebergs étrangers, à la dérive…